Solaar chante "les femmes viennent de Vénus, les hommes mangent des mars" dans Baby love, la bd Titeuf caricature les garçons comme maladroits et les filles comme raffinées, Super Nanny à la télévision montre des pères sans autorité sur leurs enfants. Le psychanalyste Serge Hefez, lui, nous plonge dans le coeur des hommes au delà des apparences...
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De la puissance paternelle à l'autorité parentale conjointe
A l'heure où la masculinité ne va plus de soi, qu'est ce qu'être un homme ? L'homme a perdu son statut de patriarche et s'immisce de plus en plus dans la sphère de l'intimité jusqu'alors réservée aux femmes. Ils ont troqué leur ancien pouvoir d'autorité et de domination contre le pouvoir de fusion, d'affectivité et de communication. Ce qui conduit les nostalgiques d'une époque où chacun avait son rôle prédéfini à prôner un retour aux origines. Ils brandissent à cette fin le spectre de la féminisation de la société où les hommes seraient devenus des mauviettes sous l'action des femmes. Et si les genres de masculin ou de féminin n'étaient que des artifices de nos sociétés traditionnelles ? L'homme a un coeur et s'en sert, la femme a des tripes et s'en sert.
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Mars et vénus, fleur et chou...
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Le comportement féminin et masculin n'est pas inné, il se construit par l'univers qui entoure l'enfant et dans ses premières années, ce sont ses parents qui le constitue. On donne au petit garçon des camions et des power rangers et à la petite fille, une dinette et des poupées. En cela, nous conditonnons nos enfants à se comporter comme un garçon ou comme un fille. Serge Hefez utilise un exemple simple : les mères s'extasieront devant leur petit garçon qui est fort mais pourront t-elles dire de leur fille qu'elle est forte sans risquer de tomber dans les travers de la langue ? Serge Hefez se pose dans la lignée freudienne : il recherche dans la sexualité l'origine des stéréotypes du gender. La femme serait passive car en tant que réceptacle du pénis de l'homme, elle serait tournée vers l'intérieur tandis que l'homme est actif car il pénètre.
L'ogresse contre le pater familias
Pour Serge Hefez, la menace dune féminisation de la société que certains redoutent vient de la peur ancestrale que les hommes ont des femmes. En effet, les femmes se sont emparées du pouvoir des hommes de s'élever dans léchelle sociale mais voilà qu'elles leur retirent aussi leur virilité et leur courage pour leur assigner la fonction de changer les couches du bébé. La femme devient ainsi castratrice puisqu'elle a volé au homme leur phallus, leur puissance symbolique de domination. La femme gagne, l'homme perd. La femme devient une marâtre qui conduit à la baguette ses enfants et l'homme devient gaga à force de trop jouer avec eux.
S'il est difficile d'etre un homme...
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Serge Hefez cherche à prouver qu'il est possible de s'extirper in extenso des clichés traditionnels et la fluidité des genres est faisable. D'autant plus souhaitée qu'elle permettrait de réduire les conflits qui s'amorcent dans les couples. Les femmes oscillent entre leurs aspirations à des valeurs modernes comme le partage des rôles dans la paternité mais aussi leurs représentations archaïques comme la fonction autoritaire du père. Ainsi, l'homme est soit trop viril soit trop mou. L'homme, confronté à deux interdits, ne doit jamais exprimer une féminité encore taboue et ne peut plus exprimer une virilité déjà censurée. Des poupées russes, c'est ce que nous sommes où sous nos apparences de modernité s'emboîtent des injonctions archaïques. Ni machos, ni soumis, les hommes sont dans un entre-deux délicat.
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Qui n'a jamais dit à son mari ,"tu ne m'écoutes jamais", et à sa femme, "tu n'es jamais satisfaite" ? Le problème des couples n'est pas fondé sur la différence des sexes mais sur l'altérité, l'autre qui me fait peur. Les hommes ne souffrent pas parcequ'ils ne sont plus des "hommes" mais parce qu'on les accuse de ne plus endosser leur fonction traditionnelle. Serge Hefez tente de réconcilier le masculin et le féminin voués à fonctionner ensemble, dans l'intimité comme dans la vie sociale.
1 commentaire:
Tu m'as donné envie de lire ce livre. Ton commentaire est fluide, agréable et motivant! Beau début! ;-)
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